Pourquoi un nouveau débat sur les 35 heures ?
Relancer le débat sur les 35 heures n’est juste un thème politique que l’on évoque pour faire parler de soi (en tout cas pas à l’UMP).
La réduction du temps de travail a en effet été compensée par l’Etat, et donc par le contribuable, à travers des allègements de charges : le coût total des allègements de charges est de 22 milliards d’euros en 2010, dont 12 milliards au titre de la compensation des 35 heures, auxquels il faut rajouter environ 4,5 milliards pour l’exonération des heures supplémentaires.
Au total, plus de 15 milliards d’euros sont ainsi destinés à compenser le coût des 35heures : c’est plus que le déficit cumulé de l’assurance maladie (10,6 mds €) et de l’assurance chômage (3 mds€) !
Il faut être clair : nous faisons payer nos RTT d’aujourd’hui par les générations à venir ! Nous devons donc supprimer ou réduire progressivement les allègements de charges correspondant aux 35 heures.
D’autant plus que nous sommes dans une logique paradoxale où le contribuable paie deux fois :
_ une première fois pour que les Français travaillent moins (allègements de charges pour les 35H)
_ et une deuxième fois pour qu’ils travaillent plus (exonérations de charges sur les heures supplémentaires) !
Ces estimations ne rendent pas compte du coût direct de la mise en place des 35 heures pour l’Etat qui s’est traduit a minima par une augmentation de la masse salariale de 2,5 milliards d’euros par an, sans compter les coûts induits par la restructuration de la fonction publique et une désorganisation visible de certains services publics comme à l’hôpital !
Les 35 heures pèsent sur la compétitivité des entreprises. A titre de comparaison, le coût de la main d’oeuvre a augmenté de 30% en France entre 2000 et 2008 alors, que, sur la même période, il augmentait de 15% en Allemagne. Fin 2009, le coût horaire de la main d’oeuvre était ainsi bien plus élevé en France que chez ses principaux concurrents européens : 33,2 euros par heure, contre 30,6 en Allemagne, 28,2 euros dans la zone euro et 24,3 euros dans l’ensemble de l’Union européenne…
Conséquence directe des 35H, l’emploi salarié industriel a décroché en France à partir de l’an 2000 (-12% entre 2000 et 2007) et la part des exportations françaises dans la zone euro est passée de 17% en 1998 à 13% en 2010…
Il n’y aura pas d’amélioration notable des conditions de travail et du pouvoir d’achat en gardant le plafond actuel. Tous les gains de productivité français passent dans le rattrapage du retard pris à cause des 35h. Résultat : pas d’augmentation sensible des salaires et une pression maximum pour les salariés français.
Nous voulons redonner des marges de manoeuvre aux salariés français, pour qu’ils puissent profiter de leurs gains de productivité, pour qu’ils puissent travailler mieux et gagner plus.
Relancer la négociation dans les entreprises sur la durée du temps de travail, c’est ouvrir des perspectives aux salariés qui vont pouvoir échanger leur temps de travail supplémentaire contre d’autres avantages.